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Ik Ben Een Groninger
9 janvier 2015

Où es Charlie ?

(english version at the bottom) L'effervescence de ces deux derniers jours m'a fait cogiter jusqu'à ce que mon cerveau se transforme en bouillie. La récente attaque à Charlie Hebdo & les morts occasionnées m'ont tour à tour surprise, dégoûtée, mise en colère, rendue triste, ont re-dégainé un peu d'espoir dans mon petit coeur fragile. Mon esprit est un gros bordel où toutes les choses s'entrechoquent, et j'ai eu besoin de l'écrire pour m'y retrouver, et puis pour exprimer mon avis sur chaque ramification concernant ce tragique évènement.

1/ L'annonce

J'étais péperement installée devant mon ordinateur (comme environ chaque jour, en fait), mercredi matin-midi, je me sentais légèrement blue  parce que j'avais passé une journée de merde la veille (mon moi mystique veut croire que c'était annonciateur), et je traîne semi-activement sur Facebook, me noyant dans des photos de chatons pour que mon petit coeur aille mieux. Et puis soudainement, mes yeux accrochent quelque chose qui ne semble pas banal, Cabu, Wolinski, Charb, Maris morts. Hahaha, la bonne blague, dis donc ils y sont pas allés de main morte le Gorafi cette fois ci.

Et puis non, en fait. C'était pas le Gorafi. Les messages fleurissaient partout sur Internet, et tous racontaient la même sordide histoire "Charlie Hebdo attaqué, douze morts". Dont les artistes cités précédemment. A ce moment, j'étais choquée, et je ne savais pas quoi penser. Je ne comprenais pas - et je ne comprends toujours pas, d'ailleurs - comment on avait pu amener la bêtise humaine aussi loin, comment un carnage de ce nom pouvait avoir pour origine des dessins. C'était bien trop fou à emmagasiner, et j'ai vraiment eu du mal. Mais ouais, on a décidé légitime de tuer douze personnes innocentes pour du papier. Parce que certaines personnes, aveuglées par la haine, se trompent de combat et commettent des erreurs de jugement qui sont inhumaines. Parce que cette fois ci, une personne lambda n'a pas réussi à faire taire sa grondante fierté, et a décidé que quelqu'un devait payer pour cet affront qui lui a été fait. Parce que deux ignorants ont décidé qu'il était légitime, au nom de toute une religion à laquelle ils n'appartiennent visiblement pas, de tuer des personnes humaines comme un châtiment soit-disant divin. Voilà comment je vois cet acte : je le trouve d'une extrême stupidité. Je vois ces deux agresseurs comme des gamins qui ont appris à manier la kalachnikov seulement deux mois avant, juste histoire de faire le buzz, de chercher la fierté de leurs confrères qui seraient "fiers d'eux", chercher la fierté de leur dieu, Allah. Mais putain les gars, vous êtes adultes maintenant : on ne vous a donc jamais appris à vous comporter comme tels ? De vrais hommes, justement ?  

II°/ Le ressenti

J'ai dû me prendre une trentaine de minutes pour réaliser ce qu'il venait de se passer, pour intégrer réellement dans ma petite boîte crânienne que ce n'était point une farce. Et à partir de ce moment là, disons que je ne me suis pas arrêtée d'y penser, jamais. Je ne m'attendais pas du tout à être autant touchée, mais en fait, l'attaque à Charlie Hebdo avait un goût rance de vomi dans ma bouche, me cognait dans l'estomac. J'ai pleuré onze fois, donc, depuis mercredi midi, souvent dès le réveil (ah, le Petit Journal & ses épisodes spéciaux sur Charlie Hebdo), dans la journée, seule, entourée, triste, mais parfois aussi heureuse, étrangement.

Mes premières pensées sont allées aux décédés de cette journée. On a beaucoup fait de bruit autour des morts des dessinateurs, mais beaucoup moins pour le reste moins célèbre, qui sont sobrement appelés ""les autres" alors voici la liste complète : Cabu, Charb, Elsa Cayat, Tignous, Bernard Maris, Honoré, Wolinski, Ahmed Merabet, Michel Renaud, Mustapha Ourrad, Frédéric Boisseau, Frank Brinsolaro.

J'ai d'ailleurs trouvé ça un peu irrespectueux de ne signaler la mort que des "grands", tandis que d'autres innocents ont péri sous les balles des deux agresseurs. Mais, dans le fond, j'ai (honteusement) compris : Charb, Cabu, Tignous, Honoré & Wolinski sont ceux qui me manqueront le plus. C'est ceux dont la mort m'a le plus touché (et j'en suis réellement désolée).  C'est con, mais c'est comme si l'on m'avait arraché une petite partie de mon adolescence. A l'époque où nous vivions encore avec mon père, nous croulions sous les Charlie Hebdo, les Fluide Glacials, les Hara Kiri qu'on avait de la chance de chiner dans les vides-greniers. Une fois lus, on les disposait en pile dans les toilettes, pour les relire encore. Je me rappelle encore de mon premier Charlie Hebdo, je l'avais subrepticement dérobé à mon père, j'avais treize ans, et rien que pour les jeux de mot je savais que j'allais me poiler en le lisant. Je me rappelle que je me sentais tellement rebelle,  même si je comprenais pas toutes les blagues. Voilà, neuf ans après, ces mêmes types que j'ai par la suite appris à aimer, à retrouver avec amour, ces hommes qui m'ont accompagnés lors de toutes ces pauses cacas avec leur humour d'enfant de quatre ans, morts. Qui me fera rire sur le trône, maintenant ?

Prenez un Charlie Hebdo. Retirez tous les dessins de ceux qui viennent de mourir. Contemplez le vide. Et c'est ça, qui m'a fait mal : ces personnes sont, à mes yeux, irremplaçables. Ce sont les seuls irrévérencieux qu'il nous restait, et oh, je sais que la relève ne va pas tarder à arriver, forte, belle, jeune et pimpante, mais il est clair que ces types laissent derrière eux un vide aussi grand et immense, semblable à l'espace existant entre les deux oreilles de ses deux aggresseurs. C'est ça que j'ai pleuré, surtout : c'est la peur de ne pas retrouver des gens aussi talentueux de sitôt, avec leur hargne, leur humour grinçant. Quelle suite pour la presse satirique ? Robert Malka a décidé de maintenir la parution de Charlie Hebdo, et de tirer le prochain numéro à un million d'exemplaires, parce que c'est dire un million de fois que ces gens là n'ont pas tué Charlie Hebdo. Dans la théorie, je ne peux qu'approuver. Je vais pas dire que Charlie est mort, et je ne veux pas considérer ceci comme la fin. Mais, n'empêche que je pars pessimiste. Ca me fait chier, croyez moi, mais c'est comme ça. 

Il y a eu un moment très poignant au Petit Journal du 8 janvier: Philippe Val expliquait que les disparus avaient cette qualité que l'on nomme communément couilles, les couilles de parler avec intelligence et humour de sujets graves, les couilles de pointer du doigt ce qui ne va pas, ce qui doit changer. Philippe Val s'est ensuite tourné vers Yann Barthès pour lui dire très clairement que le reste du boulot, c'était à eux de le faire. C'était un espèce d'appel à l'aide aux journalistes : s'il vous plaît, reprenez ce flambeau. Putain, si j'avais été Yann Barthès, je pense que j'aurais chialé. 

Pour finir, c'était également très étrange de vivre cette tragédie hors de France. Soudainement, mon pays est devenu important, je le voyais à la télé, je voyais toutes ces émissions sous titrées en néerlandais, avec Jeannette Bougrab, avec les locaux, avec des morceaux d'archives... Comment ne pas craquer ? C'était vraiment un sentiment bizarre, de vivre le drame dont tout le monde parle. Au fond, c'était dérangeant, j'étais seule, affligée, et lorsque j'en parlais à mes compères néerlandais, je sentais que personne ne pouvait comprendre pourquoi cela m'affectait autant. Je me suis sentie seule, avec ma peine, et personne de réel avec qui la partager. C'était vraiment un moment irréel pour moi. 

 

III°/ Le Viral

Faceebook était bien sûr en toute agitation, et franchement, pour une fois, j'ai participé pleinement à l'hystérie collective. Je pense que j'avais terriblement besoin de m'exprimer sur le fond e cette affaire, et Facebook a été un peu mon exutoire. Je suis d'ailleurs désolée à ceux que j'ai emmerdé avec ça, parfois je lâchais une petite phrase assassine au détour d'un statut, parfois je spammais les dessins qui m'ont plu, j'ai aussi fait un t shirt mais qui était un peu merdique, mais je pense que j'en ai eu besoin, il fallait que ça sorte.

La première chose qui m'a effrayée, c'est évidemment l'amalgame musulman = terroristes, sujet sur lequelle je suis plutôt sensible. Je sais que ça paraît con, mais le fait de ne pas bénéfier d'une bonne "tête d'arabe" me donne la "chance", souvent, d'entendre ce que mes amis racistes ont à reprocher à la seconde moitié de mon ADN. Parce que je ne m'habille pas comme une caillera, le reste des gens s'imagine alors que je suis "avec les blancs", et tentent de me faire voir le conflit de leurs yeux. Ainsi, souvent j'ai eu droit à ces "tu sais, moi les arabes, je les aime pas, mais toi ça va" lancés comme des compliments, mais qui font tellement mal à l'intérieur. Ou alors, on me teste. On me sort des blagues arabes, sans cesse, et moi parce que je suis idiote, ben je rigole. Mais parfois j'ai l'impression de participer à l'extension de certaines idées nauséabondes.

Bref, j'avais tellement peur que cette histoire sème le chaos, qu'elle ne rajoute plus d'huile sur le feu sur un climat qui est déjà assez explosif comme ça, après les élections de 2012 et le haut score de Marine Le Pen. J'ai donc été profondément en colère contre ces deux abrutis se réclamant de Mahomet. Il faut vraiment être con pour avoir pensé gagner le respect des Musulmans par cet acte. Il faut vraiment être stupide. Et, bien entendu, les conflits ont commencé à apparaître : tags avec des croix gammées, des tirs à la grenade d'exercice, des tirs à l'arme à feu, viennent décorer les mosquées de France. De l'autre côté de la balance, des adolescents en perdition sont "contents" que Charlie Hebdo brûle, parce qu'ils avaient pas qu'à se moquer de Mahomet, non mais. Les enfants, éteignez Facebook et lisez au moins votre Coran, si vous vous sentez capable de juger des actes qui vous dépasse. J'ai eu parfois la nausée en voyant certaines affirmations, commentaires. J'ai eu envie de donner des claques à Yvan Rioufol lorsqu'il a demandé à Rokhaya Diallo de se "désolidariser" de ce crime, puisqu'elle était musulmane de confession. 

La phase virale a été donc une phase d'agacement, je dirais. Mais, mes colères ont une raison, j'ai décidé de connecter les trois synapses encore foncionnelles de mon cerveau, et j'ai donc ces messages pour vous mes amis :

- Ne demandez pas à un Musulman de se désolidariser de ce crime. Je comprends l'intention première, qui est en plus pas vilaine : montrer au monde que les musulmans ne cautionnent pas cet acte. Mais, écoutez, je pense que c'est manquer de respect, non seulement à une religion toute entière, mais également à la personne humaine en face de vous, de soupçonner une quelconque approbation de ce geste. Les musulmans savent que Mahomet est paix et amour, et non destruction. 

- Ceci est plus pour mes amis étrangers : ne pensez pas que ces caricatures étaient racistes. Les caricatures de Charlie Hebdo critiquaient le pouvoir extrême de toutes les religions, et non pas le fait d'être arabe, noir ou juif. On fait le choix éclairé d'être croyant ou non, on ne choisit cependant pas sa race, et il me semble que ceci est important à souligner. 

- Ne dites pas "ils auraient dû s'en douter, quand même, à force de tirer sur la corde, on ne récolte que ce que l'on sème". Non. Parce que dire cette phrase, c'est reconnaître qu'il y a légimité pour une relation causale entre le fait d'exprimer une opinion, et en recevoir les conséquences. Ces conséquences. Et c'est précisément ce qui a été attaqué : la liberté d'expression, à savoir être protégé des conséquences lorsque l'on exprime une opinion dissidente. Ils étaient dans leur droit, alors non, ils n'auraient pas dû s'y attendre. Tout comme je n'attends pas qu'on me canarde avec un .357 lorsque je vais à la boulangerie. Et puis sérieusement, les mecs, quitte à être terroristes, vous auriez pu être au moins efficace et supprimer de vraies personnes qui incitent à la haine, disons Zemmour par exemple. Mais bref.

- Ne vous réjouissez pas dans la vengeance. Attraper ces crétins ne changera rien à la situation. Les crétins, c'est un peu comme les poils de chats si vous possédez un félin, il y en aura toujours, et partout. Réunissez vous dans la douleur, non dans la haine.

- Ne cherchez pas à tout prix à mettre la faute sur quelqu'un. L'être humain est un être qui se doit d'être rationnel, et c'est parce que des drames comme ceux-ci n'ont aucune justification quelconque qu'ils sont aussi durs à vivre. Si il y avait eu une raison valable, nous n'aurions pas été blessés comme ceci.La douleur peut nous aider à dresser un tableau hâtif et précipité de ce qu'il vient de se passer, et dans ce chaos, et parce qu'on ne bosse pas au gouvernement, il est impossible de savoir ce qu'il s'est réellement passé (je ne veux pas nourrir la multitude de théories du complot, loin de là, mais je veux rappeler à tout le monde de garder la tête froide... et dans l'échec de cette tâche, au moins ne pas chauffer trop son coeur sur des propos non fondés).

- N'oubliez pas que Marine Le Pen détestait Charlie Hebdo, et cette récupération est tout simplement honteuse et sans scrupules, c'est l'étendard de l'opportunisme nécrologique, mais on va pas dire que ça nous étonne. 

- Vous n'êtes pas Charlie. Je comprends l'utilité et la base du message, mais au fond, nous n'avons pas le dixième d'un poil de couille que ces illustres gens ont eu. Nous n'avons pas oeuvré pour un monde meilleur chaque jour, en délivrant des messages plein de sens et de justesse, nous n'avons pas dénoncé au péril de notre vie les inégalités, le racisme, la haine, l'aveuglement, la bêtise, la connerie. Et c'est pour ça que nous sommes vivants aujourd'hui, alors qu'eux, sont morts. Donc je vais pas faire ma haineuse et le cracher sur chaque Je Suis Charlie que je croise, mais je voulais juste vous dire que je n'approuve pas totalement ce message

IV°/ L'après

Trois jours après, donc, quel constat ? Que me reste-il à dire, quelles en sont les tenants et les aboutissants ?

Tout d'abord, la chose la plus importante et la plus belle à mes yeux, ça a été de voir cet incroyable élan commun, venant de chaque français ou presque. Ca a été de voir cette mobilisation folle, tous bords confondus. Ca a été de voir que dès le début, nous nous sommes tous battus, comme on a pu, nous avons tous empathisés, nous nous sommes réunis, forts dans notre douleur. La déferlante de dessins charlie partout m'a donné du baume au coeur. Le dessin de Louison m'a fait mourir de rire ("et merde, ils ont déjà dessiné des bites partout"), j'ai trouvé celui de boulet très touchant ("les canards voleront toujours plus haut que les fusils"), celui de banksy, d'un de mes amis Clément Bastias, très sobre, triste et digne. J'ai senti cet unisson virtuel nous lier, et ça m'a très franchement touchée.

J'ai vu des messages de haine oui, mais tellement peu comparé à tout ce que je redoutais. J'ai beaucoup plus vu des appels au calme, à la paix. J'ai vu circuler des messages plein d'espoirs. J'ai eu l'impression que quelque chose était en train de changer : pour une fois, on ne pointait pas par réflexe les musulmans, pour une fois, nous nous sommes unis dans la douleur, ensemble, tous, front de gauche ou de droite. Je crois que ce drame a été tellement fort, je pense que la douleur des français et leur amour pour des valeurs aussi importantes que celle de la liberté de la presse a été tellement poussé, que nous avons enfin réussi à regarder dans la même direction, dans la bonne direction. J'ai même lu l'histoire d'un type qui a tagué une mosquée, mais qui s'est excusé : il avait un gramme soixante seize dans le sang, et il se sentait triste. Nous sommes loin, très loin, des potentiels & habituels crimes haineux que nous "aurions" dû traverser. Je pense qu'il y a eu un tournant d'effectué, et bien sûr que ce n'est pas fini, loin d'être fini, mais à un moment, on pourra regarder en arrière et se dire qu'à cet instant, nous avons été unis.  Et je sais bien que ça fait bisounours, mais ça emplit mon coeur de joie.

En second, je voulais remercier la ville de Groningen & ses habitants d'avoir organisé un rassemblement en mémoire à Charlie. Lorsque je m'y suis pointée, j'ai entendu un discours en français, un autre en néerlandais, tous deux très beaux et dignes. J'ai vu qu'il était compliqué de me mouvoir car nous étions trois mille. Je me suis sentie comprise et entourée, et je crois que c'est à ce moment que j'ai vraiment fait mon deuil. Je me suis répandue en larmes en expliquant la situation à une jeune chinoise. J'ai tenu ma petite bougie contre le vent, j'ai veillé pour leurs âmes une petite heure, j'ai même prié, qu'ils puissent avoir la paix où ils sont, pour que nous puissions faire quelque chose d'utile de leurs sacrifices, j'ai souhaité du courage aux familles, aux proches, qui doivent vivre un enfer inexplicable à ce moment même, mais surtout, j'ai souhaité que des actes comme ceux-ci continuent à nous révulser au plus profond de nos êtres, car c'est la preuve que nous ne perdons pas la seule chose qui nous reliera éternellement à l'Autre : notre humanité.

 


 

The excitement of the past days made me cogitate until my brain turns to mush. The recent attack on Charlie Hebdo & the deaths made me oscillate between several mental states, I was surprised, disgusted, angry, sad, and then I had this re-drawn of little hope in my fragile little heart. My mind is a big brothel where all things collide, and I needed to write it, to express my opinion on each branch regarding this tragic event.

1 / The announcement

I was at my computer, chilling hard like everyday, on this Wednesday morning afternoon, I felt a little blue because I had spent a crappy day the day before (my mystical me wants to believe that it was annunciator) and I was semi-actively hanging on Facebook, drowning me inside pictures of kittens in order to make my little heart gets better. And then suddenly, my eyes clinged on something that does not seem banal : Cabu, Wolinski, Charb, Maris died. Hahaha, good joke, tell the Gorafi (it's like The french Onion) they had pushed it too far this time, no one's going to believe that.

And no, actually. It was not the Gorafi. Messages flourished all over the Internet, and all told the same sordid story "Charlie Hebdo attacked, twelve dead."  At that moment, I was shocked, and I did not know what to think. I did not understand - and I still do not understand, for that matter - how we could bring human stupidity that far, how such a carnage could have originated from drawings. It was too crazy to store that in my mind, and I really struggled. But yeah, it was indeed true, it was decided as legitimate to kill twelve innocent people, for a piece of paper. Because some people are blinded by hate, deceive combat and make errors of judgment that are inhumane. Because this time, the average person has failed to silence the rumbling pride, and decided that someone had to pay for this insult that was done to him. Because two ignorants decided that it was legitimate, in the name of a religion to which they clearly do not belong, to kill human beings as a supposed divine punishment. Here's how I see this act: I find it to be extreme stupidity itself. I see these two attackers like kids who have learned to wield Kalashnikovs only two months before, just to make the buzz, because they were craving for attention from their colleagues who would be "proud of them," they were craving for the attention of their god, Allah. But damn, you guys are adults now: Didn't therefore you learn how to behave as such? Like real men, precisely, capable of forgiveness ?

II ° / The feeling

I had to take thirty minutes to realize what had happened, to really integrate into my little skull that it was not a joke. And from that moment, let's say I did not stop thinking about it, ever. I did not expect at all to be that much affected, but in fact, the attack on Charlie Hebdo had a rancid taste of vomit in my mouth, it knocked me in the stomach. I cried eleven times, so since Wednesday noon, oftenly at breakfast (ah, the Petit Journal & its special episodes of Charlie Hebdo), sometimes during the day, i cried alone, surrounded, sad, and I even cried of happiness at some times.

My first thoughts went to the deceased that day. We did a lot of noise around the dead famous guys, but much less for the rest, who are simply called " the others ", so here is the complete list : Cabu, Charb, Elsa Cayat, Tignous Bernard Maris, Honore Wolinski, Ahmed Merabet, Michel Renaud, Mustapha Ourrad, Frédéric Boisseau, Frank Brinsolaro. All of them died for the Freedom of Speech.

I also found that it was a bit disrespectful to only report the "important" deaths, while other innocents were killed by the bullets of the two attackers.

But,in the end, I (shamefully) understood it : Charb, Cabu, Tignous Honore & Wolinski are those that I will miss the most. Their deaths touched me the most (and I am truly sorry). It's stupid, i know it, but it's as if someone had ripped off a small part of my adolescence. At the time when we still lived with my father, we were overwhelmed by the Charlie Hebdo, Fluide Glacial, the Hara Kiri when we had the chance to find an old edition at granaries. Once read, we had them in a pile in the toilet to read them again. I still remember my first Charlie Hebdo, I had surreptitiously stolen it from my father, I was thirteen, and just for the puns on the first page I knew I was going to laugh so hard by reading it. I remember that I felt so rebellious, even though I understand not all jokes. Well, nine years later, these same guys I later learned to love, these same guys who had accompanied me to poop during all these years, are dead. Who will make me laugh on the throne, now? Who is going to be at my side during my poop breaks ?

Take a Charlie Hebdo. Remove all the designs of those who have just died. Contemplate the void. And that's it, that was what hurted me the most: these people are, in my eyes, irreplaceable. These are the only irreverent we had left, and oh, I know that the next generation will come quickly, they'll all be strong, beautiful, young and pretty, but it's not going the same anymore. I had to say goodbye to this golden era. I didn't want to. I didn't even except to do so. But I was forced to. It is clear that these guys are leaving creating a large and immense void, kind of similar to the space that lies between the ears of his two assailants. That's what I cried, especially: I cried because I fear that we won't find such talents anytime soon, with their aggressiveness, their dark humor. What is next for the satirical press? Robert Malka (lawyer of Charlie Hebdo) decided to maintain the publication of Charlie Hebdo, and make the next issue of one million copies, because it is like saying a million times "You did not kill Charlie Hebdo". In theory, I can only agree. I will not say that Charlie is dead, and I do not want to see this as the end. But still, I go pessimistic. It pisses me off, believe me, but it's like that.

There was a very poignant moment at the Petit Journal, the 8 of January: Philippe Val (previous headmaster) explained that the missing people had this quality that is commonly called Big Balls, the balls to speak with intelligence and humor in serious subjects, the balls to point out with the middle finger what is wrong, what needs to change. Philippe Val then turned to Yann Barthes (host of the show), in order to say very clearly that it was now the duty of remaining journalists not to drop this job. It was a call to reporters: please, take this torch. Please, make that kind of journalism visible again. Please don't let it die. Damn, if I had been Yann Barthes, I think I would have whine.


Finally, it was also very strange to live this tragedy outside France. Suddenly, my country became important, I saw it on every TV, I saw all these programs subtitled in Dutch, with Jeannette Bougrab, with old pictures, drawings, videos... How can you resist? It really was a strange feeling, to live the drama that everyone is talking about. Basically, it was disturbing, I was alone, afflicted, and when I was talking to my Dutch/international companions, I felt that no one could understand why it affected me so much. I felt alone with my pain, and no one with whom to really share it. It really was a surreal moment for me.

 

III ° / Viral

Faceebook was of course in complete turmoil, and frankly, for once, I have fully participated in the mass hysteria. I think I needed to express myself, I had to let it go, and Facebook was just my outlet. I am also sorry to those I pissed with that, sometimes I let a harsh little sentence on status, sometimes I was spamming drawings that I liked, I also made a t-shirt which was a bit crappy, but I think I've needed it, it had to come out.

The first thing that scared me, it is obviously Muslim = terrorist amalgam, a subject upon which I'm pretty sensitive. I know it sounds stupid, but the fact of not having the ""classic Arab mind"" often gives me the"luck" to hear what my friends despite in the second half of my DNA (which is coming from Morocco). Because I do not dress like a chav, the rest of the people imagine that I am in the"white camp" and try to make me see the conflict from their eyes. So often I got those "you know I don't like Arabs, I do not like them, but you're one of the OK ones" launched as compliments, while they're so bad inside. Or they test me.They assault me with arabs jokes, and I because I am stupid, well I laugh. But sometimes I feel I'm participating to the extension of certain noxious ideas.

In short, I was so scared that this story waas bringing chaos, I was scared  it would add more fuel to the fire, to the hostile climate that is already quite explosive. So I was deeply angry against these morons claiming Muhammad. You have to be stupid to have thought of gaining the respect of Muslims by this act. You have to be stupid. And, of course, conflicts began to appear: tag with swastikas, shots with training grenade, shootings, came to decorate mosques in France. On the other side of the scale, some lost teenagers were "happy" that Charlie Hebdo had burned, because come on, no one has the right to paint Muhammad. Children, turn off Facebook and read at least your Qûran, if you're feeling able to judge acts that are beyond you. Please. I sometimes had nausea seeing certain statements, comments. I felt like slapping Yvan Rioufol when he asked Rokhaya Diallo, on air, to "disengage herself" from the crime, since she was a Muslim (she broke up in tears on air).

Viral stage was thus a phase of annoyance, I would say. But I know that anger is always originated by something, so I decided to connect the three synapses of my brain that are still working, and so I have these messages to my friends (I don't want you to follow them, but please think about it) :

- Do not ask muslims to dissociate themselves from this crime. I understand the intent, which is not bad : to show the world that Muslims do not condone this act. But, look, I think it's disrespectful not only to religion as a whole, but also to the human person in front of you, to suspect from them any approval of this gesture. Muslims know that Allah is peace and love, not destruction.

- This is more for my foreign friends: do not think that these cartoons were racist. Charlie Hebdo cartoons were critical regarding the extreme power of all religions, & it wasn't about being Arab, black or Jewish. We make the informed choice to be a believer or not, but you don't choose your race, and I think this is important to emphasize.

- Do not say "they should have seen it coming, though, pulling the ropelike that, you reap what you sow". No. Because saying that sentence is  recognizing that there's a legitimate place here for a causal relationship between having an opinion, expressing it and then receiving the consequences. And this is precisely what has been attacked: freedom of speech. They were in their right, to express dissent opinions, and no, they shouldn't have expected it. Just as I do not expect to be shot with a .357 when I go to the bakery. And seriously, guys, as you were terrorists, you could have been at least efficient and remove real people who incite hatred, let's say Zemmour for instance. But anyway.

- Do not rejoice in revenge. Catch these morons will not change the situation. Idiots is a bit like cat hair if you own a cat, it will always be, everywhere. Gather you in grief, not in hate.

- Do not try at all costs to put the blame on someone. The human being is a being that has to be rational, and it is because tragedies such as these have no justification whatsoever that they are so hard to live. If there was a valid reason, we would not have been injured as serious as that. The pain can help us develop an early table and precipitate it just happened, in this chaos, and because "we do not bump the government, it is impossible to know what really happened (I do not want to feed the multitude of conspiracy theories, far from it, but I want to remind everyone to keep their heads cold ... and if you fail at this task, at least not to overheat your heart).

- Remember that Marine Le Pen hated Charlie Hebdo and this recovery is simply disgraceful and unscrupulous, it is the banner of necrologic opportunism, but we will not say it surprises us.

- You're not Charlie. I understand the value and the basis of the message, but basically we do not have a tenth of a hairy testicle that these famous people had. We have not been working for a better world every day by delivering messages full of meaning and accuracy, we have not denounced at the peril of our lives inequality, racism, hatred, blindness, stupidity , bullshit. And that's why we are alive today, it is why they are dead. So I'm not going to be full of hate and spit on each I Am Charlie I meet, but I just wanted to say that I do not totally approve this message

IV ° / And after ?

Three days later, so, what conclusion? What remains for me to say, what are the ins and outs?

First, the most important thing and the most beautiful in my eyes, was to see this incredible gathering from each French almost. It was crazy to see this mobilization across all edges. I saw that from the beginning, we all fought,  we all empathized, we gathered, strong in our pain. The flood of drawings  everywhere gave me some balm to my heart. The draw of Louison made me die of laughter (Jesus in heaven saying "and shit, they have already drawn cocks everywhere"), I found that the one from Boulet was so moving ("ducks always fly higher than guns" a duck is a common way to call a "light newspaper"), the one from banksy, the one from a friend of mine Clement Bastias, sober, sad and dignified. I felt this virtual unison binded us, and I was frankly touched.

I saw messages of hate, yes, but so little compared to what I was expecting. I have seen a lot more calls for calm, peace. I saw messages full of hopes, circulating. I had the feeling that something was changing: for once, it wasn't reflexive to point at the Muslims, for once, we are united in pain, together, all, left or right political ideas. I think this drama was so strong, I think the pain of the French and their love for values as important as the freedom of the press was so pushed, we finally managed to look in the same direction, in the right direction. I even read the story of a guy who tagged a mosque, but apologized: he had one point seventy six grams of alcohol in the blood, and he felt sad. We are far, very far, from the potential & usual hate crimes that we "should" have been through. I think there was a rotating performed, and of course it's not over, not over yet, but at some point, we can look back and say that at this point, we were united. And I know I look like a big unicorn, but it fills my heart with joy.

Secondly, I wanted to thank the city of Groningen & its people, to have held a rally in memory of Charlie. When I got there, I heard a speech in French, another in Dutch, both beautiful. I saw that it was difficult to move  because we were three thousand. I felt understood and surrounded, and I think that's when I really did my mourning. I broke into tears explaining the situation to a young Chinese girl. I held my little candle against the wind, I watched over their souls for an hour, I even prayed, I pray so that they can have peace where they are, so we can do something useful their sacrifices, I wanted to adress courage & bravery to the families, loved ones, who must be living some inexplicable hell right now, but mostly, I wished that acts such as these continue to abhorred us, humans, in the depths of our beings because it is proof that we do not lose the one thing that will link us forever to the Other: our humanity.

 

clementbastias

http://clementbastias.tumblr.com

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